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BIENVENUE !

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mercredi 19 novembre 2014

Quoi d'neuf bébé #5


Un matin, elle se réveille, se lève, allume la lumière et prend un jouet. Je dis rien, je la regarde, je reste couchée, stoïque. 10, 15mn plus tard, je suis toujours stoïque et elle en a marre de jouer seule. Elle m'apporte mes chaussons et me tend la main avec l'air de dire "lève toi maman!", un grand sourire aux lèvres. Y a pas à dire, sa chambre d'inspiration Montessori à changer mes matins! 

Jouets à sa portée et cabane avec boules de couleur.
Lecture sous l'arbre !





































Bref, elle a 15 mois et moi j'ai pas vu le temps passer. J'ai bien vu combien elle apprenait vite, comment elle changeait de jours en jours. Elle met sa couche à la poubelle, se déshabille seule, m'aide quand je l'habille, elle appuie sur le (ou les...) boutons de l'ascenseur, se savonne (presque) seule, etc. Elle a de plus en plus de facilité à exprimer ses émotions. Elle sait me faire comprendre quand elle est en colère. Elle sait aussi me serrer entre ses tout petits bras et me faire des dizaines de bisous. C'est un délicieux régal de l'accompagner dans cette découverte!

Je suis ce qu'on appelle une maman solo depuis maintenant 4 mois et ma plus grosse peur a été de ne plus être autant proximale que je l'avais été toute sa 1ère année.
 
Comment allais-je pouvoir concilier les nuits hachées, en cododo, rythmées par ses nombreuses tétées nocturnes et le boulot?
Comment allais-je pouvoir lui apporter tout le réconfort de ma présence en étant absente 4 jours par semaine, 11h par jour?
Comment allais-je pouvoir assumer (et assurer)seule, le quotidien tout en restant maternante?


Je me souviens de ce mois de juin et des valises que je remplissais. Je me souviens lui avoir demander d'attendre, complètement dépassée par la situation, quand elle a eu envie d'un câlin, maintenant, tout de suite. Je lui ai dis que maintenant, je ne pourrais plus faire tout, tout de suite. Puis je me souviens de son regard. Je me souviens du mien. Je me souviens de ce face à face. J'ai tout posé et je l'ai pris contre moi. J'avais tord. 

 "Il n'y a pas d'autres urgences que celle d'aimer". 

Tout peut attendre. La vaisselle, le ménage, ce coup de téléphone, ce livre. Elle ne sera pas un bébé toute sa vie, elle ne sera pas dépendante toute sa vie. Je me suis promis que rien ne changerait. Et rien n'a changé.

Alors oui, je ne vis pas dans un musée et à l'heure où j'écris le début de ce billet je n'ai toujours pas débarrassé la table... du gouter et il est 22h ! Mais je l'ai entendu rire et j'ai ris avec elle. J'ai joué plus d'une heure dans le bain et je l'ai regardé être heureuse. Je suis restée couchée près d'elle bien après qu'elle se soit endormie et je l'ai écouté respirer.


J'ai du me résoudre à ne plus partager toutes ses journées. Ce fut affreux. Ça l'est toujours, chaque matin, chaque seconde. Avant, quand je devais me lever, je mettais le réveil 30 minutes plus tôt histoire de savourer encore un peu mon lit. Aujourd'hui, mon réveil sonne toujours 30mn plus tôt mais c'est pour la savourer ELLE. Instinctivement, elle se rapproche de moi et tète. Elle se rendort alors profondément et je me lève. Puis super-mamie-nounou prend la relève. Elle se lève tous les matins à 6h, prend le volant et nous rejoint chez moi, juste pour s'allonger à coté de Lou dès que je me lève, pour qu'elle ne se retrouve pas seule dans ce grand lit. Et là, je mesure la chance qu'on a, Lou et moi, d'être autant entourée d'amour! Super-mamie-nounou a respecté chacun de mes choix et m'a toujours soutenue. Elle pratique la DME, la ML (même si son coeur s'arrête 10 fois par jour!), le cododo, la bienveillance et l'amour inconditionnel. Elle fait de son mieux et plus encore.
Il n'y a pas de mots assez beaux pour lui dire toute ma reconnaissance.
À part, peut-être, "je t'aime maman!"



Lou n'a eu aucun souci d'adaptation. Elle n'a pas pleuré, même le 1er jour. J'ai expliqué encore et encore, je lui ai dis que notre vie serait différente mais pas moins bien. Je lui raconte mes journées dans les moindres détails. Je sais qu'elle m'entend même si elle a l'air de ne pas m'écouter. Je lui dis que quand maman n'est pas là, super-mamie-nounou la protège.

Et papi-rockeur n'est pas en reste ! Tous les dimanches, c'est éveil musical. Papi-rockeur à la guitare et Lou a la flûte, à l'harmonica, au tambourin ou au chant ! Il adore lui expliquer comment marche les choses et à quoi elles servent. Et les-grosses-joues n'en perd pas une miette ! Elle est fan de son grand-père. C'est super-mamie-nounou qui est limite jalouse quand Lou se jette dans ses bras plutôt que dans les siens !



En presque 5 mois j'ai vu tellement de changement. Je l'ai vu s'apaiser autant que je me suis apaisée moi. J'ai réalisé a quel point j'étais tendu avant, à quel point l'atmosphère n'était pas douce, pas tendre. Nous, parents, nous sommes transparents pour nos enfants. Maintenant, elle a une bulle d'amour autour d'elle!

6 jours après sa 1ère bougie, Lou s'est mise debout seule et a avancé vers moi, les deux bras en l'air, sans me quitter des yeux. Je n'ai eu aucune réaction. Je l'ai juste regardé et le temps s'est simplement arrêté. C'est une amie, présente ce jour là, qui m'a réveillé de ma stupéfaction en me disant "Heu !!!! Mais là en fait, elle vient de marcher!"
Je l'ai serré si fort, entre les larmes et le rire bête. Ma boule de bébé, ma bouille d'ange, ma poupée jolie. J'avais si peur de louper tellement de choses. J'ai toujours aussi peur. C'est terrible de ne pas être présente à chaque seconde. Juste terrible.



Il a fallu que je lui achète des chaussures pour nos promenades en extérieur. Après avoir lu quelques articles sur le sujet et sur les conseils de notre ostéopathe, j'ai opté pour une paire aux semelles très souples, sans voute plantaire et légère. J'ai trouvé mon bonheur sur le site "petits pas de géants". 
« La marche est un effort de collaboration exigeant la communication constante entre le cerveau et les pieds. Les nerfs situés sous le pied sentent le sol et envoient des signaux au cerveau qui l’aident à déterminer comment et où le poids du corps devra être réparti pour un bon équilibre.
Les chaussures changent cette communication avec le cerveau, et plus la semelle sera épaisse et rigide, plus le message sera nul.
Les chaussures ne sont pas nécessaires pour l’appui et le développement de la voûte plantaire, elles se doivent seulement de protéger les pieds contre un environnement agressif. »




Le chapitre de la motricité libre se clôt (presque) ici et je suis heureuse de lui avoir offert la possibilité de découvrir son corps par elle-même. Aujourd'hui, je frôle l'attaque cardiaque à chaque fois qu'elle tente un truc un peu...audacieux. Je ne lui montre pas ma peur, je l'encourage et me tient assez proche pour intervenir.

Rappel des faits
A ses 3 mois, je découvre la ML et ne la force plus a rester dans une position qu'elle ne maitrise pas. Je lui fais confiance et respecte son rythme. Ce fut dur les 2, 3 premières semaines car elle était habituée a rester dans positions qu'elle aimait bien. Puis, elle a vu qu'elle pouvait faire tout ça seule, et cette liberté lui a beaucoup plu.
 
4 mois : elle passe du ventre au dos et du dos au ventre.
6 mois : elle rampe en mode "Il faut sauver le soldat Ryan"
7 mois : elle marche à 4 pattes. Elle apprend du coup à s'assoir. Elle sort aussi ses deux premières dents. Autant vous dire que les nuits à ce moment là n'étaient pas super fun...
8 mois : elle se lève en se tenant aux meubles et, grâce à la DME, elle développe une super motricité fine. Elle est capable d'attraper de tout petits objets entre son pouce et son index. Le peu de tranquillité qu'il me restait disparait totalement. 
10 mois : elle marche en se tenant aux meubles.
11 mois : elle monte seule sur le canapé et sur tous les petits meubles.
12 mois : elle fait ses 1ers pas.
15 mois : elle court, grimpe presque partout, descend les escaliers en se tenant à moi, etc.

J'ai par contre continué a lui apprendre la LSF (langue des signe française). J'ai eu des moments de découragement ne voyant rien venir. Vers 11 mois, elle a appris à dire "non" de la tête. Puis "oui". Elle tendait aussi son index vers ce qu'elle voulait. Et un jour, elle a porté sa main a son oreille, le signe pour "dodo". Surprise et confuse, j'ai voulu vérifier : "Lou tu veux faire dodo?" Elle m'a dit "oui" de la tête. Quelle fierté! Depuis, elle sait signer "merci", "téter", "pardon" et "donne" et "manger". Je lui apprend "s'il te plait", "encore" et "bobo". Elle ne parle pas encore  (à part "maman", "dodo" et "tac") alors c'est merveilleux de pouvoir communiquer avec elle de cette façon! Quand, un matin, les yeux encore fermés, elle a fait le signe de "téter", j'ai eu des papillons dans le cœur!



L'arrêt de l'allaitement n'était pas une option pour moi. Je voulais absolument garder ce lien lacté avec elle. J'ai lu encore et encore pendant les 2 mois d'été pour me préparer au mieux. J'ai acheté un tire lait et fait quelques réserves au congelo. Je n'ai eu besoin de tirer mon lait que 2 ou 3 fois. Lou est diversifiée. Super-mamie-nounou lui donne des yaourts de brebis ou du fromage de chèvre au petit déjeuner et au déjeuner la semaine et le mercredi et le weekend, c'est nichons à volonté. Ma production s'est adaptée, le plus naturellement du monde.Quand je rentre du boulot, je m'enlève le soutien gorge dans l'ascenseur car je sais qu'elle va me courir dans les bras à la seconde où je vais ouvrir la porte et vouloir téter tout ce que je lui ai manqué. Et cet instant la, il est magique. C'est plus qu'un câlin, c'est plus que des retrouvailles. C'est comme si on se découvrait pour la première fois, encore et encore! Et quand on regarde ma fille qui tète en lui disant "Tu es bien grande pour téter encore !" je réponds pense "Tu es bien con pour être encore en vie !"

Plus Lou grandit, plus je me bats au quotidien contre une douce violence. Une violence pas toujours méchante mais destructrice. Une violence qu'on n'oublie pas. Celle qui fait rire les adultes et qui marque à vie l'esprit de nos enfants. Celle qui, sous couvert de grands principes éducatifs, emprisonnent et humilient nos enfants. La violence éducative ordinaire. Elle est ordinaire peut-être mais pas anodine!

Non, Lou ne pue pas. Sa couche, si.
Non, Lou n'est pas gourmande. Elle a de l'appétit.
Non, Lou n'est pas sale quand elle mange.
Non, Lou n'est pas sage parce qu'elle dit "bonjour".
Non, Lou n'est pas timide lorsqu'elle refuse les bras de quelqu'un d'autre.
Non, Lou n'est las feignante, même si elle ne veut plus marcher et demande a être portée.
Oui, Lou est jolie même quand elle pleure.

Ça peut paraitre dérisoire mais pas pour moi, pas pour elle.

Imaginez que l'on vous dise, dès demain et tous les jours d'après, que vous êtes une grande timide. Ne finiriez-vous pas par croire que vous l'êtes vraiment? Puisque tout le monde à l'air de s'accorder pour vous taxer de ce "défaut"...

Lou est qui elle est. Elle se sera pas ce qu'on la forcera à être. Elle apprend, elle découvre. Elle expérimente le monde. Les émotions qu'elle ressent ou nos réactions font partie de ce monde.
 
                                    
                                                                  Je veux que Loi soit libre!



Je réfléchis toujours avant de parler. C'est pas naturel. Mais la bienveillance, ce n'est pas innée, ça s'apprend, ça se travaille. C'est vraiment pas simple tous les jours. Il faut du courage pour faire taire nos vieux démons. Ces démons camouflés dans des phrases dites et répétées par nos mères, nos profs et la vieille voisine a qui on a rien demandé et qui ont bercé notre enfance et notre adolescence. Ceux qui sont déguisés en principes éducatifs souvent barbares. Oui c'est barbare de traiter nos enfants sans se préoccuper de leur ressentis, sans se demander si nous, adultes, accepterions d'être ainsi malmenés. Car le 1er qui me dit "t'es pas belle quand tu pleures" il se mange un aller retour direct. Il faut faire attention a ce qu'on dit a un enfant. Il faut s'écouter parler. Il faut réaliser que ce n'est pas anodin!
Comment espérer de nos enfants du respect quand nous leur enseignons juste l'inverse?
Comment faire comprendre à nos enfants que la violence ne résout rien à coup de tape sur la main?
Comment apprendre à nos enfants à gérer leurs émotions si ne savons pas gérer les nôtres?
C'est là tout de la paradoxe d'une éducation qui ne fait que forger des petits soldats, bien dressés.

Violence éducative ordinaire, fessée, punition, humiliation, voilà comment on éduque nos enfants aujourd'hui. 



On les frappe pour les rendre fort alors qu'il n'y a rien de plus lâche que de lever la main sur son enfant. Lâche et dangereux. C'est perdre le contrôle. Quel parent à un jour frappé son enfant parfaitement calme? Qui peut se vanter de connaitre exactement ses limites? Comment savoir qu'on ne donnera jamais la claque de trop, celle qui laisse des traces, sur la peau et dans le cœur?

Alors, oui, je réfléchis à mes mots, à mes gestes. J'ai souvent besoin de me contrôler car être maman, c'est loin d'être simple. Quand je commets une erreur, je demande pardon, instantanément. Je ne suis pas parfaite et ne le serais jamais. C'est bien pour ça que je cherche, que je lis, que je me renseigne. J'ai, entre les mains, la vie d'une petite personne. Ce n'est pas parce que c'est ma fille, que je sais tout et tout faire. Ce n'est pas parce que c'est ma fille, que j'ai tous les droits. J'ai surtout un devoir : la rendre épanouie, bien dans sa peau et dans sa tête. Je dois lui montrer l'exemple! Je me poserais toujours des questions sur l'impact qu'une phrase peut avoir sur la perception qu'elle a d'elle même. Je le ferais aussi demain, et les jours d'après.

Même une toute petite phrase compte. Même un tout petit mot. Même un tout petit regard.

On dit que nos enfants sont nos miroirs. Alors que voulez-vous voir dans le reflet? Moi, je veux y voir le meilleur de moi ! Je ne veux pas y voir mes erreurs ou celles que d'autres ont commises. Je ne veux pas y voir mes faiblesses et ma lâcheté.
 Je veux que Lou soit libre des mes démons et de VOS démons. 


mercredi 5 novembre 2014

Quoi d'neuf maman? #1

C'était pas gagné. Loin de là. C'était 6 ans de ma vie, c'était une famille, c'était surtout des promesses. C'était Elle, la bouche de son père et mes yeux. C'était cette impression d'avoir échoué, d'avoir raté.

Au début j'ai cru que ça serait dur. Beaucoup trop dur pour mes épaules abîmées.

Au début, j'ai eu du mal à écrire, à raconter. J'ai pris mon temps, pour trouver mes marques.

Et puis tout s'est si bien enchaîné, tout s'est simplement mis en place, jusqu'à ce que l'évidence prenne le dessus. L'évidence que tout se passe juste comme cela devait se passer. L'évidence que ma vie suit le bon chemin.

4 mois plus tard et je suis juste heureuse. Heureuse du chemin parcouru et fière aussi.

Heureuse, simplement en fait.

Le 2 juillet, soit le lendemain de mon retour en France, je trouve un travail dans l'éducation nationale. J'ai deux donc deux mois devant moi pour nous préparer, Lou et moi, à tous ces changements. Je renoue avec d'anciens amis, ceux qui ont résisté à la distance. Je rencontre de nouvelles personnes, on participe aux réunions LLL, on prends du temps pour nous. Et aussi du temps pour moi, pour me retrouver.

A Lou, je lui raconte, je lui parle, je lui explique. Ma fille ressent chacune de mes émotions. Je la trouve souriante, sereine, calme. Je le suis, moi.

Pauvr' Sophie...


Plus les jours passent, et plus je sais pourquoi ça n'a pas marché, "mon ex" et moi. Je sais que je n'étais pas heureuse, pas libre. Prisonnière d'un amour destructeur. Plus les jours passent et plus je sais aussi que cet ex là est surtout un super papa, qu'il fera tout ce qu'il peut pour sa fille et que c'est bien tout ce qui compte.

Plus de rancœur, plus de colère, plus d'incompréhension. Nos échanges sont presque doux. On se revoit pour la 1ère fois depuis notre rupture pour les 1 an des grosses-joues. On rit ensemble, on joue avec Lou, on discute, on cododote tous les trois, le plus simplement du monde. Lou est aux anges de voir son papa et elle ne semble pas perturbée. Les enfants savent, les enfants comprennent.

Smash the cake !
Bientôt, un billet sur la journée de sa 1ère bougie !

Lou sait, j'en suis convaincue, qu'elle manque terriblement à son papa. Il voudrait venir plus, il voudrait se réveiller encore chaque matin face à sa gueule d'ange qui sourit. Mais voilà, 1500 km les sépare. Pas besoin de se torturer quand il est impossible de faire autrement pendant quelques mois, quelques années. Pour l'instant, je ne peux pas vivre en Espagne ; il ne peut pas vivre en France. Alors il lui chante leur chanson via Skype, il lui murmure des mots doux au téléphone, il se régale avec les photos/vidéos quotidiennes que je lui envoie.

Et moi je compose au jour le jour, je compense, je l'inclue dans sa vie de tous les jours. Papa par ci, Papa par là. Et je mets de côté la culpabilité et la tristesse de voir Lou grandir sans son père présent au quotidien. Il vient une fois par mois, nous dormons tous les trois, nos grosses-joues au milieu, une jambe sur papa, un bras sur maman. Il lui caresse la tête quand elle tète, il la couvre de bisous et lui répète combien il pense à elle chaque seconde. Non, nous ne nous mentons pas. Nous ne lui mentons pas. Nous vivons simplement notre rupture, sereinement. Nous ne faisons que ce que nous savons faire de mieux : aimer notre fille. Et nous le faisons comme nous l'avons toujours fait : sans retenue, sans barrières.

Aujourd'hui, je suis quand même fière de nous. Il existe toutes sortes de familles. Même si aux yeux de tous nous n'en sommes plus vraiment une, nous restons NOUS, unis, solides et solidaires. La seule chose qui restera toujours important pour moi car c'est ce qui est important pour Lou. A travers ce billet, je voudrais lui dire "merci". Il saura pourquoi.

La vie c'est ça aussi. C'est prendre le meilleur et laisser de côté un idéal souvent impossible. J'ai pleuré toutes mes  tripes quand il a fallu partir ce 1er septembre pour laisser ma boule de bébé de si longues heures. J'ai pleuré tout mon être quand j'ai réalisé, presque trop tard, que je ne serais plus à ses côtés chaque jour, chaque seconde.



Qu'on ne me dise pas que c'est normal de laisser son enfant pour bosser. Qu'on ne me dise pas que c'est logique et sain.
Qu'on ne me dise pas non plus que c'est bon pour bébé, que nous ne sommes pas QUE des mamans.

Je suis Coralie. Mon métier ne me défini pas et ne me rend pas libre. Mes seins ne me rendent pas plus féminine. Ma fille n'a pas fait de moi JUSTE une maman. C'est ce que j'aime, ce que j'ai vécu, ce que je pense qui fait de moi ce que je suis. Pas le fait de travailler ou d'être maman au foyer.

Non. Travailler ne me fait pas plus de bien que de rester avec ma fille. Non. Je n'ai pas besoin de passer 10 heures par jour loin d'elle. Pour moi, la normalité, c'est d'accompagner l'enfant a qui j'ai donné la vie aussi longtemps que nécessaire. Pour moi, la logique, c'est d'attendre que cet enfant se détache de lui même. Pour moi, la séparation forcée n'a aucun bénéfice, aucun avantage. Voila ce que JE pense, voila ce qui ME défini. Ma normalité, ma logique, mon désir.

Alors forcément, ce 1 septembre, j'étais loin d'être jouasse... Mais je me suis forcée à sourire. Je me suis répétée tout le long du trajet "c'est pas gagné mais ça ira".



"Je trouve un travail dans l'éducation nationale". Je suis Assistante d'éducation dans un collège des quartiers nord de Nice. Une Zep. Je suis surveillante en fait. Pionne, quoi. Et j'adore.

Pendant l'entretien, j'ai parlé "éducation bienveillante", "parentalité positive". "Ils vont te bouffer mais tente-le". Et je l'ai tenté. Et même que ça marche. Je ne crie pas, je parle. Je ne punis pas, j'écoute. Et ma meilleure arme, c'est l'humour!

J'adore ce contact avec ces gosses, oubliés par la chance. Car c'est clairement ça. Du collège, ils ont vue directe sur leurs tours. Et de leurs tours, sur les voitures de flic qui patrouillent. Pour la grande majorité, il n'est pas franchement question de maternage proximal chez eux. Et l'amour, c'est après. Quand les factures seront payées et le frigo remplit Les 1ères semaines, je rentrais vidé d'avoir tellement donné. Oui je "m'emmerde" à essayer de communiquer avec eux, je "m'emmerde" à les écouter.

J'aime ce que je fais, j'aime me dire que, peut-être, je ne suis pas inutile pour eux et que je peux les aider à trouver leur place. Ou du moins, à la chercher.

Je vais laisser mes grands projets pro de côté pour une année, histoire de bien me laisser le temps de choisir ce que je veux vraiment faire. Je suis en CDD renouvelable 6 ans. Je n'abandonne pas le métier de doula, au contraire. J'ai même l'idée d'une association de maternage dans la tête. Mais je suis aussi très tenté par la possibilité de passer quelques concours pour travailler avec des ados. Je laisse ma bonne étoile me guider car, de toute évidence, elle me suit de près.



C'était pas gagné. Ça l'est jamais. C'est jamais facile, jamais évident. C'est juste la vie. C'est tout simple en fait. Il suffit d'y croire un peu, de sourire même quand tout nous pousse à pleurer, de se battre pour soi.

C'est le plus beau des combats.

Maintenant, je vis chez moi. Notre chez nous, à Lou et à moi. Repartir de 0, ça a du bon. Voila presque un mois que je sillonne les rayons d'Ikea, Casa, Maxi Bazar, Leroy Merlin. J'aime mon appart. Il est vide de souvenir et ne demande qu'à entendre des rires ! Je me suis éclatée à décorer la chambre des grosses joues. Elle à l'air de l'adorer. On se construit une nouvelle vie et dans sa chambre trône quelques photos de nous 3, elle, son papa et moi. Parce que ça, ça ne changerais jamais. Nous serons toujours ses parents.

Plus de photos dans le prochain "Quoi d'neuf bébé?" #5

Je pourrais me plaindre que c'est difficile d'assumer le quotidien seule. Supporter seule les mauvais moments et vivre seule les meilleurs.
Je pourrais répéter combien je suis fatiguée de ces (putains de) longues journées et de ces nuits trop courtes.
Oui, c'est difficile. Oui, je suis fatiguée. Mais je suis MOI. Je ne l'étais plus. Je me cachais derrière les "il faut", les "on doit". Je me cachais derrière un amour si puissant que je le pensais, je le rêvais indestructible. A tord.

Maintenant je sais, ma seule obligation c'est d'être heureuse !

Et c'est uniquement lorsque je le suis que Lou l'est.

C'est plus dur de ressasser et de cogiter que d'accepter. C'est plus dur de souffrir que d'avancer. On ne vit pas avec la colère et la culpabilité. On survit à peine ! Moi je veux vivre et rire et rêver et espérer et grandir !


Je ne recommence pas ma vie, je la continue, je l'améliore, je l'embellis. Je souris ! 
Et je blogue !

 


- A suivre - "Quoi d'neuf bébé? #5" avec au programme : motricité libre, langue des signes, VEO (Violence Educative Ordinaire), sommeil, Montessori, activités, etc.

mercredi 25 juin 2014

Une histoire con...

C’est une histoire comme une autre. Une histoire d’amour je crois. C’est toujours une histoire d’amour. Au moins au début. Une histoire trop courte. 

Avant, je ne savais pas. J’avais déjà dit « je t’aime » et des millions de fois. Mais je ne savais pas. Je ne savais pas à quel point ça pouvait tuer, à quel point ça pouvait bruler. Je suis brulée. Chaque centimètre carré de mon corps est à vif. Mon corps est rouge, écarlate, cramoisi, calciné. Plus je m’allonge contre lui, plus je crame. Ces mains que j’oublie, ces lèvres qui manquent, ces regards absents.

Je l’aime. C’est tout con, dit comme ça. Mais c’est tout con, de toute façon. Je l’aime. Je l’aime plus que je m’aime. Je l’ai aimé plus que je me suis aimé. 

Je ne sais pas si les détails comptent. Mais les détails, c’est tout ce qui me reste. Des souvenirs, par kilo. Ces souvenirs qui me serrent les tripes, qui me retournent le bide. Se souvenir jusqu’à gerber. Se souvenir jusqu’à détester. Je me souviens de leurs prénoms. Je me souviens des mensonges. Je me souviens de mes hurlements. Je me souviens de mon reflet dans le miroir. De mes mains qui tremblent. Les souvenirs et les pardons.

On ne pardonne jamais par choix, par volonté d’oublier ou parce que finalement, ce n’est pas si grave.

J’ai prétendu que je pouvais oublier, que je pouvais comprendre, que je pouvais ne plus y penser. J’ai prétendu que mes erreurs à moi étaient moins graves.

On ne sera peut-être pas d’accord sur tout ce que j’écris. Mais c’est moi qui raconte ! C’est mon histoire, mes souvenirs.

Au début, c’est beau. Même pas en fait. Un début qui ressemble à une fin.

On se venge, on se quitte, on s’aime. Mal. 

On se ment, on se fuit, on s’oublie. On s’aime. Mal.

Mais on s’aime. 

On se le promet, pour le meilleur et pour le pire. Le pire, on ne sait pas. 

Le pire, c'est maintenant. On n’y arrive pas. On ne se comprend pas, on ne s’écoute pas. 

Les souvenirs restent. Ce que j’ai promis d’oublier me torture. Je suis sure de rien. J’ai peur de tout. Je voudrais y croire. Je rêve de tranquillité, de paix, de douceur. Mais je crame, petit à petit. Je perds des lambeaux de peau. Chaque seconde est un sacrifice. Je ne peux plus rester calme.

Mais on s’aime. Passionnément. Incroyablement. 

Incroyablement mal.

Mais si c’était ça l’important ? Si c’était juste l’Amour, l’essentiel ? 

Petit à petit, on s’enlise dans un quotidien semé de désaccords et de déceptions. On oublie de s’aimer. Surtout de se le montrer. 

Et puis les cris, les disputes, les larmes. Je l’aime autant que je le déteste. Je n’existe plus. S’il ne m’aime plus, je n’existe plus. S’il ne m’aime plus, je me souviens. Je ne veux pas me souvenir.

Et puis le silence.

Et puis...

Rien.

On ne se parle plus. Ni avec des mots, ni avec nos corps. On ne se regarde plus. C’est trop tard. C’est plus qu’une question de temps. Je n’ai pas peur de la fin. Elle me soulagerait presque. Rien ne marche. Tout foire. Je l’ai perdu. Jour après jour, je le perds. Et je fais des erreurs. Encore. 

Mais je l’aime. Inévitablement. Inexorablement

Jusqu’au bout, je veux rester. Je veux le retrouver. Je voudrais essayer. Je n’ai presque plus de force. Lui non plus. 

Quand je m’allonge à côté de lui, quand il dort, je me colle. Je fais semblant. Je me persuade qu’il me serre dans ses bras, qu’il aime me sentir contre lui. Qu’on est heureux. 

Quand je regarde nos photos, je fais semblant. Je me persuade que ces sourires ne sont pas perdus. Qu’on est heureux. 

Quand je ferme les yeux, je le revois me fixer. « Arrête de me regarder ! » je lui disais. Ca fait bien longtemps qu’il ne me voit plus. Qu’on est heureux. 

Il devient un inconnu. Je me surprends à penser que cet homme-là, je ne l’aurais pas épousé. J’essaye encore. Pas lui. Les déceptions s’enchainent. 

Je voudrais qu’il me supplie, à genoux. Je voudrais qu’il me rassure. Je voudrais oublier. Je voudrais qu’on s’aime. Je voudrais être sure que j’ai compté. 

Je ne savais pas. Je ne voulais pas. J’ai mal. Physiquement. 

C’est une histoire con. Une histoire qui nous bouffe.

J’ai fait semblant, trop souvent, que je pouvais partir, sans me retourner. J’ai crié, très fort, que cette fois c’était terminé. J’ai prétendu que je m’en foutais, que j’en pouvais plus, qu’il n’était pas le seul mec sur terre. 

Mais je n’ai jamais vraiment osé croire que cette histoire pouvait s’arrêter. Mais si, ça peut s’arrêter.

Comme ça, aussi rapidement qu’un claquement de doigt. Mettre 3 pulls et quelques pantalons dans des valises. Ranger les souvenirs. Garder ce qu’on aimerait jeter, pour oublier. Le garder pour Lou, car c’est important qu’elle sache que l’on s’est aimé, très fort, malgré tout. 

Lui, c’est moi. Il est entré, un jour, dans mon corps et n’en est plus jamais sorti. Je le retiens de toutes mes forces. Je le retiens de mes mains cloquées. Il est ma respiration, mes battements de cœur, mes envies, ma force.

Je l’aime, c’est tout con. Je l’aime à pleurer de rage quand il me passe à côté sans m’apercevoir. Je l’aime à en avoir envie de crever devant tant d’indifférence. Je l’aime à hurler de colère quand je comprends que cette que cette fin, il l’envisage. Je l’envisage aussi maintenant. 

Je l’envisage même carrément, au fur et à mesure que je rempli mes valises de nos souvenirs. Et même que je respire bien de nouveau. 

Par contre, cette fois, je ne garde que les bons. Ceux qui ont fait de moi ce que je suis. Ceux qui ont fait de Lou notre fille. 

Je l’aime. J’aime l’aimer. J’ai aimé l’aimer. 

On s’est aimé, très fort. On s’est tout donné. 

Certaines promesses ne seront pas tenue, d’autres ont été carrément piétinées. 

Mais il y en a une, qu’on s’est faite il y a presque un an, que l’on tiendra. Celle d’aimer Lou, de toujours la faire passer en 1er et de la protéger de la stupidité des adultes ! On restera unis et soudés, pour elle, envers et contre tout. On sera à jamais SES parents et, à chaque fois qu’on la regardera, on se souviendra. Il faut se souvenir. 

Je suis fière qu’on se soit suffisamment aimé pour donner naissance à notre fille. Je suis fière que cette enfant soit le fruit de cet amour.  Il n’y a pas de règles en amour, alors on ne pourra pas nous reprocher de nous être mal aimé. Peut-être juste de ne pas avoir essayé. 

Et puis, et puis…
Le fin, c'est ça aussi...

C'est parler au passé, c'est le dire aux gens, c'est raconter encore pourquoi. C'est oublier pourquoi.  
C'est s'entendre dire que c'est trop bête. Que c'est dommage. Sans déc...
C'est s'empêcher de l'embrasser, de le toucher. C'est contrôler nos instincts, nos habitudes. C'est mettre un mouchoir sur nos envies.

C'est tous ces voyages qu’on ne fera pas. Tous ces rires qu’on ne partagera plus.

Ces matins où mes yeux vont le chercher. Ces nuits où mes mains se perdront et tomberont dans le vide. 

Ces lèvres, désormais orphelines. Mon corps tout entier est orphelin. 

J’ai tellement voulu y croire, toutes ces années, que j’ai fini par me persuader que nous étions indestructibles. Insubmersibles. 

Je le chercherais longtemps dans mon sommeil, je chercherais longtemps ce corps dont il faut que je me déshabitue. Ce corps que je connais par cœur. Je l’ai aimé comme on aime une seule fois. Et je garde avec moi la fierté de pouvoir dire « oui, je sais ce que c’est d’aimer ». 

Maintenant, je dois apprendre à être moi. Moi sans lui, je n’existe pas vraiment. 

Il va donc falloir que je me retrouve puisque j’étais perdue, bien cachée quelque part sous sa peau. 

« Ce qui ne me tue pas, me rend têtue », c’est ce qu’il m’a dit, un 12 mai d’une belle année. C’est vrai. Je serais assez têtue pour être heureuse.

Le fin, c'est aussi être sure de ne rien oublier, regarder encore et encore dans les moindres recoins de notre...de son...appartement. C'est réfléchir vite, parce que si ça dure trop longtemps, ça fera encore plus mal. 

C'est quitter un homme, son homme, son tout. Quitter un ami, un frère. C'est quitter un pays, une langue, une culture. C'est quitter une part de moi, c'est perdre 6 ans. C'est sauver ces 6 ans. C'est se convaincre que c'est pour ne pas se déchirer. 

C'est quitter une bague, et la ranger très au fond d'une trousse de toilette. C'est ranger ces albums photos, très au fond des valises. Ranger notre rancœur, très au fond de notre cœur pour ne garder que le meilleur.

C'est retrouver son sourire dans celui de Lou et se sentir bien. C'est savoir que ça ira. Parce que oui, ça ira.

Je l’aimerais à travers Lou, jusqu’à la fin. Et à Lou, je lui dirais la vérité. 

Que c’était une histoire d’amour.